Isabelle CALLIS-SABOT
2 octobre 2022

Isabelle CALLIS-SABOT : Poèmes pour la Toussaint, Poèmes pour un deuil

Ces poèmes sont extraits du livre "Des poèmes pour rêver" (Nombre 7 Editions)

Si vous les utilisez, si vous les partagez, merci de les signer de mon nom.


 

 

Absence

L'année s'est écoulée, me laissant bien songeuse,
Les mois ont défilé, si rapides, si courts,
Pourtant la vie s'étire et l'espace se creuse
Nous séparant, hélas, un peu plus chaque jour.

À l'encontre du temps, en retour, en arrière,
Je m'efforce d'aller, j'essaie de revenir.
Il me reste ce soir le triste anniversaire
Pour empêcher l'oubli, pour mieux le contenir.

Tu m'offres cependant la chance inespérée
De te voir apparaître au milieu de mes nuits ;
Mais ta visite est brève alors, désemparée,
Je m'accroche en pleurant au rêve qui s'enfuit.

Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

 

Au-delà des soupirs


Je n'ai pu t'adresser un regard, un sourire,
Tu es partie trop vite et sans me prévenir…
Immense est mon regret. Je voudrais te le dire,
Au-delà du chagrin, au-delà des soupirs.

Ta mort hante ma vie. Pour combler ton absence,
Sans cesse je remue de précieux souvenirs ;
Je trouve un réconfort en trompant ma souffrance,
Au-delà du chagrin, au-delà des soupirs.

Mes plus tendres pensées vont vers toi dès l'aurore,
Je t'appelle et te parle avant de m'endormir,
Et bien étrangement ta voix me berce encore,
Au-delà du chagrin, au-delà des soupirs.

Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

 

Au temps de la Toussaint


Au temps de la Toussaint, lorsque les cimetières
S’ornent de cyclamens, de buis ou de bruyères,
Et qu’ainsi embellis d’éphémères bouquets,
Ils donnent à la mort comme un air de gaieté ;

Lorsque auprès des caveaux, des tombes familiales
Joliment imprégnés de clartés automnales,
L’on revient, chaque année, prier, se recueillir…
Je sens de grands remords m’étreindre et m’envahir :

Quelque part tu attends, en un lieu insolite,
Esseulée, loin des tiens, sans jamais de visite.
Et pour le Souvenir, toi qui aimais les fleurs,
Vois-tu je n’ai rien d’autre à t’offrir que mes pleurs.

Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

 

Chagrin


La vie qui m'entraîne
M'éloigne de toi ;
Je cache ma peine
Et mon désarroi.

Aux joies de l'enfance
Je ne songe plus ;
Je pleure l'absence
Le temps révolu…

Et souvent je blâme
Tous ces souvenirs
Où seule mon âme
Se plaît à souffrir.

Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

 

Deuil


Je souffre en silence
Je tais mes soupirs,
Je sens ta présence
Dans mes souvenirs.

L'été est torride
Morne et déprimant,
La maison est vide
Et triste…Et pourtant

La vie continue,
Alors il faudra
Que je m'habitue
À vivre sans toi.

Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

 

Je pense à toi


Je pense à toi, quand je regarde l'horizon,
À l'heure où le soleil disparaît sous la brume,
Laissant à l'infini le rêve ou l'amertume…
Et par-delà le temps, par-delà les saisons,

Au moment où le jour se glisse dans la nuit,
Où la terre s'endort, où la brise s'envole,
Tandis que chaque fleur referme sa corolle,
Mon cœur oublie le monde et te cherche sans bruit.

Isabelle CALLIS-SABOT

 

 


 

Je cueillerai pour toi

Je cueillerai pour toi les fleurs de mon jardin,
Ce ne sera vraiment qu'un modeste bouquet,
Sur ta tombe en pleurant j'irai le déposer…
Je cueillerai pour toi les fleurs de mon jardin.

Je cueillerai aussi la rosée du matin,
La tristesse d'un jour qui s'éloigne sans toi,
Un souvenir lointain qui revient et s'en va…
Je cueillerai aussi la rosée du matin.

Je cueillerai enfin les larmes de mes yeux,
J'en ferai un collier de perles de chagrin,
Et je te l'offrirai dans son plus bel écrin…
Je cueillerai enfin les larmes de mes yeux.

Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

 

Passant par le chemin des vignes


Passant par le chemin des vignes,
Étonnée, ne te voyant pas,
Je recherchai un geste un signe,
L'ombre ou la trace de tes pas.

Je m'inquiétai, et mon errance
Me conduisit loin des coteaux ;
Je découvris un grand silence,
Un cimetière et un tombeau.

Mais aux confins du vide étrange
Je t'aperçus, te promenant
Le cœur en paix, parmi les anges,
Dans les jardins du firmament.

Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

Poème à ma grand-mère


J’aurais dû me montrer moins froide et moins distante,
T’écouter, te parler, t’accorder plus de temps,
Te confier mes secrets, répondre à tes attentes,
Partager la tendresse et les doux sentiments.

Mais au lieu de cela j’ai gardé le silence ;
J’ai ignoré les mots, les gestes d’affection,
Je me suis renfermée, ingrate indifférence !
Je t’ai dissimulé toutes mes émotions.

Je n’ai pas su t’aimer… Combien je le regrette !
Et combien je maudis mes défauts et mes torts !
Peux-tu lire en mon cœur, voir mes larmes secrètes ?

Peux-tu me consoler, comprendre mes remords ?
Au-delà de l’absence éternelle et muette,
Peux-tu me pardonner et me chérir encor ?

Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

Poème à mon frère défunt

La vie, l’ingrate vie qui nous a séparés,
T’a conduit peu à peu vers la désespérance ;
Contre de noirs écueils, après bien des errances,
Sans doute as-tu choisi, un soir, de t’échouer.

Tu ne supportais plus les affres du destin,
Les soucis récurrents, les rêves sans issue,
Tu fuyais la détresse et les déconvenues,
Tu ployais sous le poids des immenses chagrins.

La chance me comblait quand tu versais des pleurs…
Devant le blanc tombeau décoré de bruyères,
Le remords me harcèle et tenace et sincère,
Et j’éprouve une vive et si forte douleur…

Que me reste-t-il donc, sinon de frêles fleurs ?
Que me reste-t-il donc, sinon quelques chimères,
Sinon la sensation affligeante et amère
De t’avoir dérobé une part de bonheur ?

Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

Scrupules

Ton image s'efface et ma peine s'estompe,
Ma douleur s'atténue, ma mémoire me trompe,
Altérant mon chagrin, déformant mon souci,
Le passé se confond, se dilue dans l'oubli.

Puis lentement revient l'heure du crépuscule.
Je me souviens… Alors d'indicibles scrupules
Envahissent mon cœur lorsque je m'aperçois
Qu'il s'est passé un jour sans que je pense à toi.

 Isabelle CALLIS-SABOT

 


 

 

 

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